13 janvier 2010

Dans Un Songe, le Jeu des rois

Au jeu d’échecs, je resterai un débutant. Je n’en connaitrai jamais que les principes élémentaires. J’ignore tout des coups qui distinguent les joueurs aguerris. La domination qu’il prône me gêne. Qu’attend-on du jeu des rois sinon une leçon de stratégie et de prise de contrôle sur l’autre ?
J’éprouve pourtant une sorte de fascination pour l’échiquier et ses pièces, qui sont autant de figurines manipulables chargées d’habitudes et d’affects. Les mauvaises langues énonceront justement que je ramène une activité intellectuelle intense, plus subtile que ludique, à mes manies régressives. Le jeu est symbole, agencement tentaculaire, parabole du destin humain confronté à ses moyens ou exalté par ses limites. Les surréalistes l’ont souvent pratiqué_ l’exemple de Duchamp est célèbre_ et représenté. René Clair le dadaïste montre l’auteur du Grand verre et l’illustre photographe sur les toits de Paris, en pleine partie. Ernst sculptera plus tard un échiquier géant.
Maya Deren*, que nous avons déjà évoqué dans ces pages, confère aux échecs une connotation masculine, sclérosée et abstraite, par opposition à une (sa) féminité physiologique, épanouie, naturelle, revendiquée. Soixante ans plus tard, le propos conserve son aura et sa force authentique.
Outre les échecs, divers jeux sont au cœur d’UN SONGE, vidéo en devenir: les cartes et autres tarots, la roulette, le loto…. Ludique et féminin, deux maîtres-mots d'un songe... Nous y reviendrons…

* At land, réalisé en 1944 par Maya Deren. Visitez également ce site.