10 octobre 2009

Sur une table de dissection,...

la rencontre du Futurisme et du Surréalisme... Un analyste soucieux de catégories sclérosantes pourrait ainsi qualifier le Ballet mécanique. Les ismes s’accommodent mal des mouvances du cinéma à moins d’être pont commode ou trait d’union salvateur de l’ordre encyclopédique… Man Ray, qui aurait selon plusieurs sources participé au film n’en est pas moins critique. Il estime que le résultat est superficiel. Cette saillie se prête mieux selon moi à d’autres ouvrages cinématographiques du grand photographe. Il n’en convient pas moins de nous attarder sur les arguments sous-entendus.
Pour un surréaliste bon teint (oxymore peut-être…), le Ballet mécanique est trop formaliste, œuvre de plasticien qui n’interroge pas les pouvoirs suggestifs et poétiques de l’analogie. En réalité, Léger exploite jusqu’au paroxysme certaines figures surréalistes, comme le collage inattendu, la préséance insolite de l’objet, une charge anti-bourgeoise, le refus d’une narration linéaire. Il exalte les sens, ici mis directement à mal plus que représentés, il recherche l’étonnement, l’inquiétude, force l’exaspération du spectateur.
En d’autres termes, il implique hautement la perception du regardeur, exploitant comme jamais, et en toute conscience, le pouvoir psychique et altérant du cinématographe, ce que Bataille, par exemple, mettra en relief, dans l’exégèse du cinéma d’Eisenstein...