7 octobre 2009

Fernand Léger, en introduction.

Je ne suis pas un inconditionnel de Fernand Léger. A y regarder de plus près, en biaisant pour contourner ses silhouettes massives et son mécano populaire, ses questionnements conservent cependant leur force et leur actualité. Il est vrai que mes propos sont influencés par le Ballet mécanique*.
Reconnaissons à Léger sa cohérence malgré une diversité formelle qui reste mal connue... On aurait tendance à faire état d’une création monolithique basée sur des principes mouvants… Il n’en est rien. Léger reste à mes yeux un étonnant décrypteur de l’objet, un prosélyte efficace de l’évènement plastique. Ses études picturales et surtout graphiques des années 1925/1930, décompositions d’objets naturels ou manufacturés en constituent une des manifestations méconnues mais remarquables.
Léger a le sens de la formule et ses textes laissent supposer, sans que j’en sache davantage, de réelles aptitudes à la pédagogie.
A propos de la Roue d’Abel Gance, il évoque la machine comme personnage principal, comme acteur-objet et qualifie plus loin la Tour Eiffel et la Grande roue d’énormes objets- spectacles**.
Dans sa frange la plus apparente, la pratique de Léger s’apparenterait à un art populaire, ouvertement descriptif. La narration opère au contraire par des voies détournées, et tisse entre eux des phénomènes plastiques, une geste*** opératoire passant tour à tour par des phases de reconstruction, défaisant, recomposant à l’infini, élaborant, en ses moments les plus aboutis, des énigmes plastiques.

* Le Ballet mécanique, corréalisé avec Dudley Murphy, fera l'objet prochainement d'une notule. On ne peut considérer cette réussite de l'image animée en passant sous silence l'œuvre plastique de Léger.
** Fernand Léger, Fonctions de la peinture, Gonthier, collection médiations, 1965
*** la geste, dans son acception épique.