La Perle (1929), film à la double paternité, fut signé conjointement par Henri d’Ursel, opérateur, et Georges Hugnet* le scénariste. Ce dernier est surtout poète et connu comme photomonteur un peu fripon. Les deux ne sont encore que des sympathisants du surréalisme, auquel Hugnet n’adhèrera qu’en 1932.
Ce film conserve aujourd’hui une fraîcheur enchantée et je le mets volontiers dans mon panthéon personnel de ces années-là aux côtés du A propos de Nice de Jean Vigo. De la Perle se dégage en effet un allant, un charme qui peut sembler superficiel à première vue. Je lui opposerai volontiers le Mystère du Château du dé de Man Ray, aujourd’hui exaspérant de didactisme formaliste et d’opportunisme mondain.
Dans ce court métrage, l'illustre photographe isole des images, dont certaines rares et obsédantes. Ces vues sont trop souvent ajustées au seul photogramme. D’autres relèvent de la pacotille, ou du pittoresque surréalisant plus que d’une intention profonde. Et le bric-à-brac culmine en une citation de Mallarmé illustrée de façon risible, et elle ne peut être que telle car la langue mallarméenne se refuse à une application synthétisée par des faits en images**….
A contrario, le rythme de la Perle, cette continuité cinématographique, n’est jamais pris en défaut et le film génère aussi, autant qu’un plaisir esthétique, une imagination narrative issue des possibilités combinées des montages alternés et parallèles. Ses auteurs réinventent aussi les serials de Feuillade. La Perle fixe un premier jalon inventif et nostalgique qui irriguera le Judex de Franju.
Un interstice s'instaure entre un réalisme insolite ou poétique et le Surréalisme, mais ce dernier est vécu sans dogmatisme, c’est une ouverture à tous les possibles. Si le résultat filmé est fidèle aux axes principaux de Hugnet***, il n’en reste pas moins que les cadrages et les mouvements de la caméra, ainsi que l'efficacité des décors sont particulièrement opérants.
* Un touche-à-tout également premier historien du Dadaïsme, dramaturge, relieur, graphiste...
** La Perle est selon les auteurs attribué au belge Henri d'Arche, comte d’Ursel (grand propagateur du cinéma exigeant en son pays) ou au français Hugnet. Via la parole de Franju, nous reviendrons prochainement sur ce nœud de la création cinématographique : est-ce le scénario ou le passage à la caméra qui prédomine ?
*** Je lui préfère l’admiration distanciée et teintée d’humour de Marcel Brodthaers.
Ce film conserve aujourd’hui une fraîcheur enchantée et je le mets volontiers dans mon panthéon personnel de ces années-là aux côtés du A propos de Nice de Jean Vigo. De la Perle se dégage en effet un allant, un charme qui peut sembler superficiel à première vue. Je lui opposerai volontiers le Mystère du Château du dé de Man Ray, aujourd’hui exaspérant de didactisme formaliste et d’opportunisme mondain.
Dans ce court métrage, l'illustre photographe isole des images, dont certaines rares et obsédantes. Ces vues sont trop souvent ajustées au seul photogramme. D’autres relèvent de la pacotille, ou du pittoresque surréalisant plus que d’une intention profonde. Et le bric-à-brac culmine en une citation de Mallarmé illustrée de façon risible, et elle ne peut être que telle car la langue mallarméenne se refuse à une application synthétisée par des faits en images**….
A contrario, le rythme de la Perle, cette continuité cinématographique, n’est jamais pris en défaut et le film génère aussi, autant qu’un plaisir esthétique, une imagination narrative issue des possibilités combinées des montages alternés et parallèles. Ses auteurs réinventent aussi les serials de Feuillade. La Perle fixe un premier jalon inventif et nostalgique qui irriguera le Judex de Franju.
Un interstice s'instaure entre un réalisme insolite ou poétique et le Surréalisme, mais ce dernier est vécu sans dogmatisme, c’est une ouverture à tous les possibles. Si le résultat filmé est fidèle aux axes principaux de Hugnet***, il n’en reste pas moins que les cadrages et les mouvements de la caméra, ainsi que l'efficacité des décors sont particulièrement opérants.
* Un touche-à-tout également premier historien du Dadaïsme, dramaturge, relieur, graphiste...
** La Perle est selon les auteurs attribué au belge Henri d'Arche, comte d’Ursel (grand propagateur du cinéma exigeant en son pays) ou au français Hugnet. Via la parole de Franju, nous reviendrons prochainement sur ce nœud de la création cinématographique : est-ce le scénario ou le passage à la caméra qui prédomine ?
*** Je lui préfère l’admiration distanciée et teintée d’humour de Marcel Brodthaers.