3 mai 2009

Les fèves, retour


Le film Fèves avance à petits pas.
J’éprouve un plaisir enfantin à manipuler cette foule lilliputienne issue de la collection de l’ami P. Je ne me lasse pas de ces formes tantôt sophistiquées, chargées, dorées comme des lutins échappés de Bollywood, tantôt lacunaires, polies dans la répétition, tachées dans l’urgence. De ces masses réduites émergent parfois le bestiaire miniature d’un Pompon ou d’un Bugatti de bazar, l’allusif de Brancusi, l’éloquence gracieuse de Donatello, des ivoires centenaires, des porcelaines de Chine ou… la prétention des parcs d’attraction au gigantisme contré.
Les figurines de biscuit émaillé acquièrent quelquefois la force minérale du fossile, le raffinement de l’objet manufacturé rehaussé par la caresse du pinceau. Le vernis fin scintille, s’irise dans les rayons du soleil. Un inventaire serait en soi passionnant, prenant pour classification les poses, tenues, iconographies populaires ou religieuses, les familles animales, métiers, objets à vocation promotionnelle,… mais je ne suis pas fabophile… Des macrophotographies révèleraient également les rehauts, motifs, teintes, macules opaques, cernées ou non, translucides, en phase d’effacement, expressions où se contredisent, s’affirment les lignes dans les replis, le trait zébrant les galbes, le graphisme couvrant, infirmant, oubliant ou singeant la volumétrie. La picturalité concentrée dans la paume, en même temps qu’une mémoire collective dont on ne ferait à tort qu’une bouchée, micro-monde maintenu dans les dimensions modestes de la main.