8 avril 2009

L'image, comme objet de la pensée

Les catégories originelles du cinéma seraient, selon Jacques Aumont, au nombre de trois: l'abstraction (dernier avatar du monde des formes peintes), la fantastique (créatrice des mondes possibles), la réaliste* (dans laquelle serait englobé le montage objectiviste d'André Bazin).
Antonin Artaud aurait senti les limites de ces ensembles, notamment lors de l'adaptation de son scénario la Coquille et le clergyman par Germaine Dulac. Mais il croit au cinéma tant qu'il estime que le cinéma est apte essentiellement à révéler cette impuissance à penser au coeur de la pensée**. Le cinéma est un lieu du manque et plus encore de la dépossession, et cette lacune fondamentale est la source créative, le moteur de cette volonté humaine de combler ce qui ne peut l'être, et qui reste à jamais ouvert à toutes les invectives, à toutes les interprétations...

*Les Théories des cinéastes, Armand Colin, p.43
** DELEUZE, L'Image mouvement 2, Seuil, p.216. L'expression qui donne son titre à cette notule est également empruntée à Deleuze.