4 février 2009

UN SONGE : dans Spellbound...

...(la Maison du docteur Edwardes) qu' Hitchcock réalise en 1945 , la folie par la rayure est assez bien rendue. Les spécialistes et le cinéaste même considèrent ce film comme une médiocre variation psychanalysante. On prétend notamment que les enjeux et le scénario ont desservi l'auteur de Vertigo, que la médecine par le langage a pris le pas sur l'image. En outre, les rêves orchestrés par Dali, des tableaux animés dans le film, déclinent un répertoire surréaliste assez convenu et prennent peu en compte la portée symbolique de la rayure, pourtant essentielle. Du traumatisme vécu par le personnage ne subsistent que la pointe et la pente.
L’intention du film et son concept fondateur permettent toutefois quelques moments prenants…
Dans une séquence de descente à ski, filmée en une surimpression appuyée qui renforce l’artifice et l’irréalité de la scène, le passage des skis évoque les stries, rappelant au personnage principal un trauma d’enfant dont la grille fut l’instrument meurtrier. Dès le coup de foudre entre les protagonistes et le geste nerveux de l’héroïne avec sa fourchette* sur la nappe blanche, on associe la rayure et l’objet contondant, et on perçoit la gêne ainsi que la névrose de l'homme.
*Celle-ci me rappelle une autre image, le célèbre cliché de Kertesz réalisé en 1928.
Revoir ce film peut amener à formuler une autre grille interprétative de certaines photographies dites "formalistes " ou "abstraites" de Paul Strand.