Historia Naturae (1967) de Jan Svankmajer se présente comme une leçon de choses* en mouvement, aux parties déterminées par la classification biologique, qu’accompagne une danse spécifique (comme par exemple la polka des singes ou la valse des hommes). Il s’agit bien d’un cabinet de curiosité placé sous l’égide d’Arcimboldo, artiste maniériste de la cour de Prague. L’assemblage est mental, uniquement restitué par le montage syncopé où se mêlent planches anatomiques, êtres vivants filmés et animations d’objets. Une bouche en gros plan, que le cinéaste réutilisera plus tard dans Alice, scande chaque chapitre de cette petite encyclopédie du bizarre. Le monstrueux naît le plus souvent de la fragmentation issue du gros plan et de cette matérialité hypertrophiée. Les parties animées sont rares, le rythme étant essentiellement donné par l’agencement rapide des images fixes et des points de vue.
Svankmajer demeure un jalon essentiel, un cinéaste qui use toujours de médiums multiples pour exprimer son obsession, en un constant va-et-vient entre image et matérialité. Il ne serait pas inopportun de mettre en relation son Alice avec le Stalker de Tarkovsky, films dont les thématiques (passages, initiation) et l’obsession matérielle, au sens bachelardien, sont similaires…
* La mise en images de l'opéra virtuel pourrait , très modestement, intégrer cet exemple...
Svankmajer demeure un jalon essentiel, un cinéaste qui use toujours de médiums multiples pour exprimer son obsession, en un constant va-et-vient entre image et matérialité. Il ne serait pas inopportun de mettre en relation son Alice avec le Stalker de Tarkovsky, films dont les thématiques (passages, initiation) et l’obsession matérielle, au sens bachelardien, sont similaires…