9 janvier 2009

Digression imprévue

Le gros plan, c'est le visage,...mais précisément le visage en tant qu'il a défait sa triple fonction, affirme Deleuze, arguant qu'il n'y a pas de gros plan de visage... (...) Nudité du visage plus grande que celle des corps, inhumanité plus grande que celle des bêtes...*
Je reviens sur ce sujet qui a fait l'objet d'un message lacunaire et grossier, question qui accompagne d'autres réflexions ayant trait à la fragmentation, composante essentielle du Jardin des Supplices...
Le philosophe énonce les trois fonctions du visage: la caractérisation , la communication entre deux personnes, le lien à l'intérieur de chaque être entre caractère et expression..
Force de l'image mouvante, du cinéma, de nous donner une partie pour le tout, sans que l'un soit redondant de l'autre, en insinuant aussi un au-delà de l'humain, un parcours mental aux forces antagonistes...
Il faudrait savoir en tirer les leçons, très modestement, en quantité infime, par ajouts successifs et laborieux, afin d'en extraire les effets... Une maturation de ces intuitions géniales est nécessaire. L'élan qu'elles confèrent prend souvent le pas, pour le petit soldat soucieux de création, sur l'idée même... Je me contente quelquefois de les fixer, les arrêter dans ce que le quotidien charrie, avec l'illusion d'une compréhension, d'une adéquation fugitives...
Ces quelques mots ouvrent un monde dont on devrait pouvoir se sustenter, ne serait le souci de produire, la peur panique de se trouver avec soi, ses carences, ses propres futilités...
*Gilles Deleuze, L'image mouvement, Minuit, p.41 à 42