18 octobre 2008

FACE

Des visages au cinéma, obsessionnels, récurrents durant toute la durée d'un long métrage, il y en a quelques-uns… Métaphore de l’enfance et de l’image fomentée par l’enfance chez Svankmajer, ces visages-paysages parviennent parfois au mythe, par delà tous les rites et anecdotes d’expression…
Souris ne souris pas, ouvre, baisse les yeux, semble crier le réalisateur dans les films où ce mythe est souhaité, revendiqué mais ne s’accomplit jamais…
Au contraire, j’éprouve cette aura des têtes dans quelques beaux morceaux de cinéma. Ce choix n’implique que moi, et ne concerne pas les « face caméra », les troubles suscités par les traits de Véra Clouzot (les Diaboliques), Meiko Kaiji (la Femme Scorpion), Marika Green (Pickpocket)……… Les cinéphiles, dont je ne suis pas, me reprocheront d’oublier Madame de … ou Monika
Evoquons les films où le visage domine, imprègne, afflige, implique, nourrit, même par ses carences et ses effacements. Dreyer transcende la mort de Jeanne, ce n’est pas tant le bûcher et sa réalité physique, pourtant décrite, mais le visage de Jeanne, omniprésent, qui disparaît derrière une fumée, presque un écran blanc ; sa mort n’en est que plus prenante.
Faces (Cassavetes) dévoile son programme, les visages comblent les vides, nourrissent les insatisfactions, Persona de Bergman, où les visages se confondent, se dédoublent, et ce film muet, en noir et blanc, de Garrel*, les Hautes Solitudes (1974)... Les traits de Jean Seberg, une émotion qui bouge, imperceptiblement fêlée, sans pour autant être un masque…

*Philipe Garrel fait actuellement l’objet d’une rétrospective dans un cinéma parisien, Les Trois Luxembourg.