Voici une bribe de réflexion qui pourrait bien m'entraîner plus loin...
Alors que je façonne jour après jour les ultimes images du Jardin des supplices, je songe à la capacité de survie et de recyclage de ces morceaux accumulés... Quand il ne s'agit pas du sujet principal, tel extrait devient motif, texture, couleur ou mouvement.... Il m'arrive de revoir mes rushs classés pour d'autres usages, parfois même oubliés ou dénigrés (je suis à ce jour un piètre filmeur) et de les intégrer à d'autres fins... C'est ainsi, je pense, que l'on peut différencier la pratique de la vidéo numérique, sale et malaxable à l'infini, du cinématographe*.
Pour ma part, j'éprouve quelquefois une joie masochiste lorsque les petits carrés apparaissent, que le scintillement génère un grouillement, comme si tous ces zéros et ces uns s'animaient de façon anarchique et autonome.... Peut-on parler de facilité, ou bien de lacune technique ? Ces effets contiennent aussi, sans doute, une certaine préciosité... Mais ne peut-on pas reconnaître ou revendiquer la nature essentielle de ce médium?... Livrons cette hypothèse: la haute définition serait un sommet de pompiérisme, un académisme technologique. Je préfère encore la 3D qui, elle au moins, revendique son illusionnisme...
* Si l'on exclut certains ouvrages expérimentaux, ceux du Found footage par exemple.