26 janvier 2010

Pelechian, de l’évidence du noir et blanc

Sans doute faudra-t-il estimer un jour ce que le plaisir de filmer de Pelechian aura apporté à plusieurs générations de créateurs d'objets filmiques.
Ce cinéma pourtant est intemporel. Il évoque un monde nostalgique, sans aucun signe de modernité apparente. Certains de ses procédés héritent directement du lyrisme du muet.
Pelechian évite de ce fait les mots énoncées. Mais Il n’est en rien prisonnier de cette influence, il la magnifie par son montage ample, ses cadrages toujours inventifs qui rendent compte de son appétence pour le monde qui l’entoure, de sa curiosité inentamée. Il est difficile de mesurer dans son travail l’impact de Found Footage et du Flick, pratiques et genres contemporains de ses débuts.

Les Saisons, son ouvrage le plus célèbre, n’est plus à présenter. Peu ont comme lui réuni l’empathie et l’expérimentation sans que l’une déchausse l’autre*. Et c’est sans doute là son plus grand crédit aux grands films muets.
On ne se pose plus avec Pelechian la question du formalisme rance et illustratif qu’ont accompli certains avec le noir et blanc. Le noir et blanc est utilisé habituellement comme effet dramatique, formel (luminosité et graphisme) ou rétro. Curieusement, on ne distingue aucune de ces catégories dans les films sans couleur de Pelechian, tant il s’agit d’une évidence.
Dans une prochaine notule, je me pencherai sur son antépénultième ouvrage.

* Paradjanov, autre grand filmeur arménien, mérite selon moi les mêmes louanges.