21 octobre 2009

Nonchalance critique

Les commentateurs de l'exposition la Subversion des images confirment hélas mon pronostic: sur les terrains troubles du Surréalisme, la photographie seule recueille l’intérêt de nos envoyés spécieux.
Ce hiatus inexplicable, social, entre les critiques des arts plastiques et ceux du cinéma n'a de cesse de perpétuer ces catégories désuètes menant à des aberrations, des terminologies antiennes: vidéo plasticienne, cinéma expérimental... Les créateurs comme les pionniers du cinématographe ont depuis longtemps comblé ces gouffres signifiants, courants d'air et autres platitudes conceptuelles.
On imagine trop aisément le journaliste pressé en vernissage, la coupe à la main, sollicité par les attachés de presse qui lui remettent l’épais catalogue*, puis le slalom entre sucré et salé, chargé ainsi de nourritures culturelles et terrestres…

Loin de moi l’idée de critiquer la critique… Elle continue à m’apprendre beaucoup; à l’occasion, elle m’informe…
Les auteurs qui ont semé le doute, et remis en cause ces séparations obsolètes, philosophes, écrivains, universitaires ou cinéastes, existent pourtant! Méritent-ils ou non de parvenir jusqu’au public? **
Peut-on affirmer que le partage des tâches, institutionnalisé depuis des lustres, est la cause de ces étranges omissions critiques? Est-ce le fait d’une histoire de l’art depuis longtemps validée ou galvaudée, et sur laquelle on ne revient pas sous peine de faire chuter certaines idoles, certains raccourcis faciles basés essentiellement sur des points de vues formels ? Car le cinéma, celui des années vingt notamment, perturbe bien des consensus…
Cette distinction catégorielle perdure dans les magazines culturels ou un certain quotidien du soir: l’image mobile a été passée sous silence au profit de la photographie dite subversive mais si rassurante dans sa fixité muséale, circonscrite aux cimaises, à un balayage rétinien unique sans avoir à craindre quelque métamorphose, quelque glissement, quelque errance.
… à moins que le titre de l’exposition ne tente de rétablir le pouvoir ontologiquement subversif de l’image plus encore que ses manifestations surréalistes?

* Un ouvrage qui méritera prochainement notre attention...
* * La réponse tant de fois ressassée fait état de l'élitisme des artistes contemporains : Il s'agit aussi de nos aigreurs, de culture (ou curiosité filtrée, pré-digérée), et, je l'admets, d'un manque de disponibilité de la plupart d'entre nous, d'une souffrance psychologique et sociale, d'un quotidien qui nous submerge et nous rend dépendant...