9 septembre 2009

Une Semaine de bonté 2/3

Ernst, dans les collages originaux destinés à la publication use toujours du même principe. Il ajoute des éléments concordants ou perturbateurs sur une gravure qui lui fournit une base, un décor ou une situation. La réussite provient de la conversion de l’esprit naturaliste et feuilletonant des vignettes originelles en dimension merveilleuse.
Face à ces vignettes au graphisme daté, le surréaliste est gourmand. Il œuvre à la manière d’un fétichiste de la ligne gravée, imprimée, croisée. Les réminiscences plastiques, volontaires ou non, sont fortes. L’usage symboliste des objets, objet-corps et corps-objet, rappelle la Paraphrase sur la découverte d'un gant (1881) de Max Klinger ; le détournement, mais aussi le goût du végétal et de l’aquatique trahissent la passion effrénée des surréalistes pour le Modern style**. On assiste même à un froufrou de rose retournée, un french cancan qui culmine en remous aquatique, comme échappé d'un fantasme ferenczien**… Il ne manque plus que la Loïe Füller.

* Nombreuses sont les preuves de cette dette à l’Art nouveau, qu’il s’agisse de Dali, Breton ou Aragon…
** En référence à Thalassa, du psychanalyste Sandor Ferenczi.