13 septembre 2009

Une semaine de bonté 3/3

Dans ce jeu de correspondances et d'imprégnations, il y a celles qui relèvent de l'évidence historique et celles que l'on s'invente, des parentés d'esprit plus que de style. Si Grosz (dont à l’époque on ne peut soupçonner l'influence sur Ernst) affleure quelquefois dans les évocations grivoises et la charge anti-bourgeoise, Goya, celui des Disparates, semble omniprésent. Ernst peut ici lui être comparé tant la réussite des compositions, variées, expressives et subtiles, ont cela en commun avec les estampes de l’espagnol. Certes, Ernst s’appuie sur une base souvent élaborée par des artisans habiles qui ne ménageaient pas leurs efforts pour susciter l’imagination des lecteurs*. S’y ajoute une narration poétique inépuisable, car ouverte et polysémique. Les personnages apparaissent, parfois s’affirment dans des images qui mises côte à côte, décomposent le mouvement. Le protagoniste quelquefois s'estompe ou s’efface au profit d’un autre ou d’un environnement qui le submerge, ouvrant par là-même d’autres rapports temporels, ceux rapides, cadencés, à la manière d’une séquence animée, et d’autres plus contemplatifs. Les liens entre les images peuvent relever de l’analogie autant que d’une envie d’histoires et de ressorts plus conventionnels inhérents au besoin constant de narration du spectateur.


* On peut supposer que ce principe de re-création, un des plus fertiles du XXe siècle, susciterait aujourd'hui les foudres des propriétaires de droits... Alors que la planète Internet fourmille de citations non avouées et de plagiats grossiers, que le contenu des blogs est allègrement pillé, aspiré pour légitimer des coquilles vides à destination publicitaire, où le contenu est prétexte... Vaste hypocrisie qui sert majoritairement les supports médiatiques, éventuellement les producteurs, et non les créateurs.