L’acte 2 de l’opéra virtuel le Jardin des supplices m’occupe actuellement. Après une introduction qui situe la relation conventionnelle et exotique du couple, Clara et le narrateur pénètrent dans le bagne, lieu d’attraction(s), dans toutes les acceptions du terme. Les idées, dont certaines déjà filmées il y a un an, ne manquent pas… Les références aussi sont nombreuses, tant cinématographiques que picturales. Et pourtant… Le Thanatopsis et son pouvoir hypnotique m’apportent un éclairage nouveau. Réalisé par Ed Emshwiller, en 1962, le film confronte le visage filmé du cinéaste, tête presque fixe à l’éclairage sculptural, avec la silhouette imprécise, la fluidité, le flou scandé d’un corps qui danse, recensant dans un même cadre une image mobile conçue d’une manière classiquement cinématographique et une image/mouvement filmée que malmènent ou amplifient l’effet du clignotement et les impressions déréalisantes de la machine caméra… Le résultat, très évocateur, est soutenu par une bande son qui mélange les battements de cœur et les vibrations acides de la machine…. Par extrapolation, par un raccourci bien commode pour moi mais qui n’a aucune validité conceptuelle, j’ai songé à la machine de la Colonie pénitentiaire et à l’acuité d’Albert Londres.
Ed Emshwiller fut surtout reconnu comme illustrateur de science-fiction et pionnier de l’image de synthèse, qu’il inaugurât avec Sunstone en 1979. Je préfère le doute inconfortable,inaltérable qu'insinue son Thanatopsis.
Ed Emshwiller fut surtout reconnu comme illustrateur de science-fiction et pionnier de l’image de synthèse, qu’il inaugurât avec Sunstone en 1979. Je préfère le doute inconfortable,inaltérable qu'insinue son Thanatopsis.