21 janvier 2013

Cygne porteur

Parfois, il nous arrive de réveiller nos émotions esthétiques de l'enfance et de l'adolescence, celles qui nous orientent, celles qui nous confèrent une identité, celles par lesquelles on existe aux yeux des autres, celles qui nous construisent dans l'altérité et nourrissent notre imaginaire.
Mauvais sang, le film de Leos Carax, fut de cette trempe-là. Remake détourné d'un film de Walsh, symbiose aboutie de cinéma muet et de nouvelle vague, jugé bêtement pour son chromatisme affiché, sa cinéphilie explicite et ses citations pléthoriques, ce long métrage a plus de vingt-cinq ans, patine du temps et des souvenirs mêlés... j'en consulte quelquefois des extraits, sans oser franchir le pas. Afin ne pas mettre à mal l'enchantement, cette mise en bouche ne se poursuit jamais ...
Et les premières images de Mauvais sang (là aussi, à la manière du premier Godard, le générique est une signature) montrent un cygne, apparition brève et fantomatique, comme un retour subliminal de mes obsessions.