Pionnière dans l'usage médiatique de son image, de ses panoplies savamment ajustées aux différents âges de sa vie, Colette incarna plusieurs rôles, revêtit avec aisance les oripeaux d'époques successives. Elle personnifia, pendant les années 1920, et ce malgré son âge mûr, un modèle saphique et artiste qui a beaucoup anticipé sur la garçonne, bien qu'elle ne corresponde pas physiquement à ce canon. Mireille Havet, parmi d'autres, en fut marquée...
Ses livres me sont longtemps tombés des mains. J'en étais resté à l'auteur des Claudine, à la nostalgie champêtre d'une jeune fille début de siècle. Je considérais le brio de sa prose comme un tour de force ne véhiculant aucune obsession.
Une lecture récente a modifié cette opinion.
En vingt-deux récits cruels et furtifs, la Femme cachée décline un éventail varié de ces tonalités prosaïques ou mondaines. Le style ironique, pressé, colle à merveille aux années folles.
La nouvelle que je préfère s'intitule la Main. Elle correspond très exactement aux sentiments complexes et aux métaphores visuelles qui peupleront la vidéo Un Songe. En quelques pages, Colette exprime l'irruption du doute et la déliquescence d'une relation amoureuse telle que la perçoit la jeune épousée. La seule main de l'homme endormi est décrite en un crescendo analytique impitoyable...