9 mars 2009

A propos de ROKKÔ, d’Olivier Deprez 1/3

Une aporie en guise de préambule.
Olivier Deprez, dont le Château*, entre autres créations, constitue un jalon important de la nouvelle bande dessinée, aspire aujourd'hui, dit-il, à l’image animée ou filmée .
Le lecteur est averti: cette recherche particulière que je tenterai de décrire n’est pas achevée. O. Deprez, qui élabore pas à pas son propre système, à la fois austère, exigeant et dense, en allers-retours entre pratiques discursives et graphiques, l’enrichit presque quotidiennement.
Il se peut que cette présentation n’ait plus aucune pertinence dans les prochains jours…
Rappelons que ces notes éparses s’appuient sur le regard particulier que O.D pose sur la Chapelle de Rokkô, réalisée par Tadao Andô à proximité de Kobe, et les célèbres Trente-six vues du mont Fuji de Hokusaï.
Je n’insisterai pas sur ses intentions, ici décrites avec clarté.
Bien avant Rokkô, plusieurs cycles ** d'Olivier Deprez, elliptiques et séquentiels, relevaient déjà, selon moi , de l’image-mouvement. Il envisage désormais une formule plus littérale dans l'acception cinématographique d’une écriture du mouvement, du déplacement, de la déambulation, inaugurée avec la gravure sur bois, médium qui est le sien, apparemment sévère, frustre mais fortement expressif, à l'accomplissement inversé et différé.***
O.D présente à ce jour 20 estampes de Rokkô, un découpage graphique d’une œuvre animée en devenir.
En cette série ouverte (ou suite), les agencements sensoriels et signifiants ainsi que les ordonnancements et contiguïtés formels imposent un chemin narratif.
Une vision globale sera nécessaire pour en apprécier les nuances, les subtilités enchâssées, les passages, respirations, hiatus, tentations de retours que Deprez parvient à imprimer à la perception du regardeur…
En un exercice assez vain , je m'étais efforcé d'établir, dans leur ordre provisoire, une liste de ces relations instaurées... Aucun propos ne doit interférer sur l’acte qui se joue. Laissons Olivier Deprez mener ROKKÔ à son terme.
Dans ses constituants comme dans sa formulation, dans ses inspirations comme dans ses ajustements journaliers, cette création évolutive, poïesis comme image-mouvement, ne porte-t-elle pas intrinsèquement l'idée d'une figure mouvante, non fixée?

* Paru en 2002 aux éditions Fremok.
** Voir aussi ses autres publications ainsi qu'une œuvre plus récente mise en ligne par le revue RELIEF, et l'article que lui consacre Jan Baetens.
*** Son usage de la gravure sur bois catalyse tout l’historique et les possibilités de ce procédé d’impression. Mais là n’est pas aujourd’hui notre sujet. Ceci pourrait faire l’objet d’un article...